Puisque ces dernières années, la presse généraliste se décide à parler du dérèglement climatique, voyons un peu ce que propose, dans un autre domaine, les développeurs de jeux vidéo. Car oui, ces créateurs sont influencés par les préoccupations de leur époque ! Et le jeu reste une bonne façon de transmettre, faire réfléchir autant que de divertir.
Si j’évoquais ce sujet dans l’illustration de bonne année 2023 – où j’avais insidieusement teinté l’eau de couleurs étranges, parfois inspirées de ce que j’observe au bassin de l’Erdre – je ne nourris pas la prétention de partager une liste exhaustive ici. Je reste concentrée sur les jeux auxquels j’ai joué ou que j’ai vu joués par mon entourage.
… Donc !
1. Jeux vidéo où le joueur dispose de gameplay pour orienter le changement climatique :
- Civilisation VI de Sid Meier et Firaxis Games
- Écologie des Sims 4 et Îles Paradisiaques, dans une moindre mesure Saisons des Sims 4 de Maxis
Grande rejouabilité – ces deux jeux peuvent se rejouer autant de fois souhaitées. Vos choix rendent vos partie uniques même si certaines mécaniques sont à privilégier. Et vous avez une influence sur le climat, positive comme négative, selon l’objectif que vous vous êtes fixés en termes de réussites.
Civilisation VI de Firaxis Games, porte sur le développement conjoint de votre territoire avec celui de vos voisins : dès que vous entrez dans l’ère de l’industrialisation avec rejets de gaz à effet de serre, les océans se dilatent, le niveau de l’eau monte… Pour tout le monde ! Autrement dit : le territoire des différents peuplent diminuent en l’absence de barrières anti-inondations (ou de polders pour la civilisation hollandaise). Et une fois que c’est fait, pas de retour en arrière possible, même à l’ère de l’information. La seule réaction possible est de faire amende honorable en s’engageant dans la voie de la décarbonation de son énergie. J’ignore si le réalisme pousse au point de faire fondre les calottes glaciaires et de noter le dégazage des océans en dioxyde de carbone, ou même, en termes de migrations climatiques et de concentration de population.
Plus optimiste, Écologie de Maxis offre invariablement une note d’espoir car vos actions influencent réellement sur les changements observables dans la ville portuaire d’Evergreen Harbor. Vos choix en tant que joueur portent sur la qualité de l’air, la végétation alentour et le résultat se voit bien dans la ville industrielle progressivement revalorisée, végétalisée et colorée. À tout moment, vous pouvez améliorer ou détériorer l’environnement – ce à quoi vos personnages réagissent de manière autonome. Les non-choix aboutissement eux aussi invariablement à un choix puisque le reste de la communauté continue de voter*, que vous y participiez ou non. Ce que j’apprécie beaucoup, c’est que ces orientations se font collectivement : il faut convaincre les autres habitants et souvent le vote de votre foyer entre en tension avec celui des autres. Le résultat en vaut la peine, la ville et sa forêt s’animent sensiblement ! Certes Écologie se concentre sur la carte d’Evergreen Harbor – ce pack ne s’attaque pas directement au changement global de toutes les maps bien qu’il fournisse un gameplay adaptable et jouable sur tous les mondes du jeu.
Dans Saisons de Maxis, vos choix portent sur la météo* et influencent les précipitations comme l’ensoleillement, les températures excessivement chaudes ou froides, les intempéries types orages ou tempêtes de neige. Pour toutes les maps dont vous disposez. L’effet est surtout observable sur les cultures (plantes et arbustes), sur les comportements des PJ et PNJ ainsi que sur leur décès.
Dans ces deux extensions, Écologie comme Saisons, la caractéristique principale des Sims réside dans le maintien de jauges de besoins, la relation aux autres et les ressources financières. C’est vous qui décidez à quel moment la partie se termine, puisqu’il s’agit d’un jeu de simulation de vie.
*Cet élément de gameplay est paramétrable, vous pouvez le désactiver.
2. Jeux vidéo où le joueur n’influe pas sur le climat mais où a minima, il doit s’y adapter pour survivre :
- The Wandering Village de Stray Fawn Studio
- Frost Punk de 11 bit studios
Ces deux licences sont des jeux de gestion dans un monde postapocalyptique et où vos choix influencent le déroulement de la partie comme sa finalité. Nous n’avez aucune influence sur le dérèglement climatique, vous devez vous y adapter.
The Wandering Village demande une organisation collective – et dans l’idéal bienveillante – pour collaborer avec la créature qui porte voire supporte votre village sur son dos. Un village que vous démarrez de zéro et d’abord un lieu d’accueil aux survivants que vous croisez en chemin, si vous décidez de le secourir. Selon les environnements traversés par la créature Onbu, les ressources varient et peuvent se tarir : en parallèles de spores toxiques, les différents climats traversés sont parfois propices parfois délétères. En tant que joueur, vous tâchez d’anticiper ces aléas, gérez les habitants en groupe comme en individuel… Mais pas la créature directement – un gestionnaire de ses besoins vous aide à la maintenir en santé et vous permet d’instaurer la confiance avec elle. Ensuite émerge une collaboration profitable entre les habitants et Onbu. Car oui, le bien-être d’Onbu et les interactions avec elle influencent la disponibilité des ressources comme le bien-être des habitants. Onbu est-elle une métaphore de la Nature ?
Frost Punk est un jeu de gestion orienté survie dans un milieu particulièrement hostile, entre choix moraux et choix de ressources, aussi bien matérielles qu’humaines, pour subvenir au besoin de votre groupe de survivants. Et dans la mesure du possible, développer une nouvelle cité adaptée à la période glaciaire. La notion de société est déjà établie puisque les PNJ viennent de la ville mais l’adaptation au changement requiert des choix politiques particulièrement âpres. Bien que vous ne contrôliez que le leader du groupe, vous prenez en compte deux jauges pour votre population : espoir et… Mécontentement – qui selon le niveau atteint, aboutissent à un game over. Plusieurs scénarii s’ajoutent au jeu de base et viennent étayer vos décisions, qu’il s’agissent de production minière ou de sauvetage de survivants, d’amélioration de chaleur pour les logements ou le sacrifice de travailleurs. Assez sombre psychologiquement.
3. Jeux vidéo à thématique sous-jacente – Délivrer la nature du mal (de la pollution) :
- Ōkami de Clover Studio
- Prince of Persia (celui en cel-shading) d’Ubisoft Montréal
Contrairement aux autres licences citées, ces deux derniers jeux sont de type action – aventure en solitaire et vos choix n’influencent pas le déroulement de la partie. Ils ont peut-être mal vieilli mais ont l’avantage de l’optimisme, avec un résultat visuel et sonore merveilleux après chaque « nettoyage de pollution ».
Merci à Guigw, Kômori et Cheloux pour leur aide sur les différents gameplays !
Quelques sources en complément, avec des articles :
• Expliquant la pollution engendrée par le cloud gaming sur ConsoFutur;
• Citant des jeux susceptibles de sensibiliser aux changements climatiques sur Pixel Le Monde et sur Geekologie / Daily Geek Show ;
EDIT Mars 2023 : article très récent cette fois sur la même thématique : De « SimCity » à « Terra Nil », les jeux vidéo questionnent notre rapport à l’écologie que je trouve très bien !
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En l’occurrence, sur cette thématique, on ressent surtout l’inquiétude des créateurs de jeux vidéo. Normal, ce sont des êtres humains. Après le jeu, place à la vraie vie ?
Justement ce mois-ci, en avril, se tient la journée de la Terre. Il y a quelques années, j’avais réalisé un speed paint pour cette illustration « Earth Day Journée de la Terre » une illustration où les palmiers avaient disparus au profit d’éoliennes – et un speed paint d’ailleurs diffusé en convention la même année. À défaut d’améliorer concrètement et globalement notre environnement, cette journée a le mérite d’attirer l’attention sur ce qui se passe. Pour le reste, au quotidien, c’est au niveau individuel et au niveau de plus petites communautés. Mais je doute parfois de son utilité, comme dans cette simple illustration de l’année précédente.